Le Préfet Jacques Billant a échangé avec les maires de La Réunion ce lundi matin, il va échanger avec le monde économique puis avec les autorités sanitaires avant de prendre des décisions.
Le représentant de l'Etat, disons-le, est pris entre deux feux: d'une part protéger la population en freinant la propagation du virus de manière drastique, et d'autre part protéger l'économie en évitant de tout arrêter comme en mars 2020.
Les derniers chiffres Covid-19 ne sont vraiment pas bons (voir ci-dessous), des chiffres jamais connus dans l'île depuis le début de l'épidémie et qui plaident pour un nouveau confinement. D'un autre côté, un éventuel reconfinement va faire de nouveaux dégâts dans la sphère économique. "La santé d'abord" disent les médecins, et il est vrai que sans la santé, il sera impossible de travailler.
Alors comment jongler? Les Réunionnais sont-ils prêts à accepter un confinement total de quelques semaines comme d'autres pays l'ont fait avec succès? Un confinement uniquement le week-end sera-t-il suffisant pour freiner le nombre de contaminations?
Le nombre de vaccinés augmente, pas assez vite hélas, mais on a vu aussi que même les pays vaccinés à 80 voire 90%, comme Israël, sont à nouveau confrontés à une épidémie qui repart de plus belle.
Toute La Réunion sera attentive au discours de Jacques Billant. "Le Préfet va parler" entend-on dire partout. On ne veut pas être à sa place, mais pour le côtoyer depuis le début de la crise sanitaire, il saura prendre les décisions nécessaires pour garantir la sécurité sanitaire des Réunionnais, quitte à faire des mécontents...
Il devait prendre la parole ce mardi, il a reporté ce rendez-vous, certainement à mercredi.
Le CHU La Réunion sature, si ça continue, évacuations vers la métropole ou vers Mayotte envisagées
Dans un communiqué, le CHU de La Réunion "alerte la population réunionnaise sur l’extrême tension pesant sur son offre de soins du fait de la dégradation de la situation sanitaire due à l’épidémie de Covid sur le territoire réunionnais".
Le CHU cite des chiffres: 500 contaminations par jour depuis plusieurs jours contre 200 lors des précédentes «vagues», un taux d'incidence qui a dépassé les 300/100 000 habitants, 60 lits de médecine Covid armés, 95% de taux d'occupation des lits de réanimation ces dernières semaines (sur 98 lits ouverts), un à deux lits disponibles pour gérer l’ensemble des urgences vitales Covid et non Covid du territoire.
"Cette tension concerne au demeurant également les autres établissements de santé du territoire impliqués dans une dynamique de gestion solidaire de la crise Covid, établissements publics au sein du Groupement Hospitaliers de Territoire, et cliniques privées".
Le CHU, qui insiste sur l'épuisement des équipes, n'hésite plus à parler de transfert de malades de La Réunion vers la métropole ou vers Mayotte.
Pire dit le CHU, "le dilemme de prendre en charge une catégorie de patients plutôt qu’une autre pourrait désormais se poser de manière dramatique pour nos équipes". Il faudra donc sélectionner les malades, c'est grave!
Le CHU appelle la population réunionnaise :
- à réaliser que de plus en plus de patients jeunes sont hospitalisés en réanimation, avec ou sans comorbidités, et que les patients en réanimation ne sont pas vaccinés.
- à accorder sa confiance au bénéfice de la vaccination pour acquérir rapidement une immunité collective indispensable, en particulier, pour les personnes vulnérables et ne pas prendre le risque de mettre en danger celles et ceux de nos concitoyens qui ont besoin de soins à l’hôpital.
- à éviter les conduites à risques comme les grands rassemblements familiaux ou professionnels.
Avec ce virus, on n'est vraiment pas sorti du cauchemar... Et une question se pose de plus en plus: à quand un traitement efficace plutôt qu'un vaccin qui est loin de faire l'unanimité?
Aziz Patel
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