France Ô, c'est fini! Et elle ne manquera pas à grand monde...

France Ô, aussi appelée France Zéro en raison de sa très faible audience en métropole (0,3%), a donc été logiquement enterrée par Roselyne Bachelot, Ministre de la Culture, mais sa mort avait été annoncée depuis 2018 par Françoise Nyssen, la première Ministre de la Culture sous la présidence d'Emmanuel Macron.

Dans un contexte de restrictions budgétaires, France Télévisions avait besoin de faire des économies, et les deux chaînes les plus faibles en audience, France Ô et France 4 étaient visées.

France 4, au vu de son rôle éducatif primordial pendant le confinement, a obtenu un sursis d'un an, pas la chaîne dédiée aux outremers qui n'en finissait pas de plonger en audience et de coûter de l'argent à la télévision publique.  
 

France Ô avait été créée en 2005 pour succéder à RFO Sat, qui était apparue en 1998. Depuis 2010, elle était diffusée sur la Télévision Numérique Terrestre (TNT) avec l’objectif "d’en faire une vitrine télévisuelle de l'outre-mer en métropole". Objectif raté puisque quasiment personne ne regardait cette chaîne fourre-tout. La dernière mesure Médiamétrie concernant France Ô à La Réunion lui donnait 0,5% de part d'audience en 2019. Honteux!

Le gouvernement a évoqué "le pacte de  visibilité" tel qu'il a été signé avec France Télévisions le 11 juillet 2018 afin "d'améliorer la visibilité de l'outre-mer sur l'ensemble des offres de France Télévisions".

Dans ce cadre, en théorie, la place accordée aux programmes ultramarins sur les antennes nationales de France Télévisions devait être renforcée avec un triplement du nombre de programmes ultramarins en première partie de soirée, une progression de près de 50% du nombre de sujets ultramarins dans les grandes éditions nationales d’information, et trois nouveaux rendez-vous réguliers sur France 3. Dans les faits, à ce jour, il n'y a eu aucun point fait sur l'application réelle de ces annonces.

Par ailleurs, depuis le mois de juin 2020, une nouvelle plateforme numérique baptisée "Outre-mer la 1ère" propose une diffusion radio, des podcasts et une information en continu, axés sur l’actualité des territoires d’outre-mer. C'est sûr, même si c'est aussi peu regardé que France Ô, ça coûte déjà beaucoup moins cher...

 

Pour tenter de faire reculer le gouvernement sur l'arrêt de France Ô, 125 personnalités, parmi lesquelles Audrey Pulvar, Lilian Thuram, Erik Orsenna, et une très grande majorité d'Antillais -les Réunionnais étant bizarrement peu concernés- avaient lancé un appel dans Libération.

Il suffisait de regarder attentivement les emplois occupés par les ultramarins au sein de France Ô, à savoir une très grande majorité d'Antillais, et une poignée de Réunionnais, pour comprendre que ceci explique sans doute cela.

Des parlementaires ultramarins, essentiellement antillais aussi, ont interpellé les pouvoirs publics "sur le rôle de la chaîne". Près de 100 000 téléspectateurs (une paille) ont également signé une pétition "Sauvons France Ô", en vain. Début juillet, Roselyne Bachelot avait expliqué que l'Outre-mer devait "participer à l'ensemble de l'audiovisuel", actant ainsi la fin de la chaîne ultramarine. 

On va laisser le mot de la fin à Sébastien Folin, animateur sur France Ô, où il animait notamment une émission d'entretiens baptisée "Clair Obscur", et il déplore un manque d'ambition. "On a voulu en faire un fourre-tout de la diversité avec une vocation politique, mais on ne savait même pas à qui on s'adressait", di-il...

Depuis 15 ans quand même Sébastien, il n'y a pas eu quelques dirigeants responsables qui auraient pu rectifier le tir? Non, tout le monde se gavait sur la bête, et croyez-nous, beaucoup en ont profité puisque l'argent était là. Quand la crise fut venue, c'était trop tard pour changer la stratégie... à partir du 1er septembre, adieu France Ô, et il y aura peu de monde pour pleurer...

A.P.