RunRail: le premier tronçon Saint-Denis/Sainte-Marie sur de bons... rails!

RunRail fait partie la famille du RRTG (Réseau Régional de Transport Guidé). C’est un tramway express, plus rapide qu’un tramway classique, qui est destiné, à long terme, à relier Saint-Benoît à Saint-Joseph, par le Nord et l'Ouest. Pour le court terme, la Région compte livrer le premier tronçon entre Saint-Marie et Saint-Denis en 2025.

Fabienne Couapel-Sauret rappelle d'abord que le projet Tram-Train, initié par l'ancienne majorité régionale, est mort et enterré par le tribunal depuis plusieurs années, et que les études concernant le RunRail ont été lancées en 2012: "Il y a eu ensuite concertation avec tous les élus, et le projet a été voté en 2016. Ce réseau ferré a pour objectifs de lutter contre la congestion routière -80 000 usagers par jour aux entrées Ouest et Est de Saint-Denis et des embouteillages partout dans l'île-, de diminuer de la pollution et de proposer aux Réunionnais un mode de transport moderne et performant". 

La vice-présidente de la Région confirme que des études ont déjà été lancées pour les parties Est et Ouest, "la Nouvelle Route du Littoral ayant été dimensionnée pour accueillir une voie ferrée, et la région Est étant déjà dans l'action. On va déjà doubler la RN2 entre Saint-Benoît et Sainte-Marie avec des voies réservées pour l'instant aux bus, ces voies préfigurant le RunRail, les travaux pour ces voies vont débuter bientôt" assure Fabienne Couapel-Sauret. 

 

Le marché global de performance est lancé, le groupement qui remportera le marché devra gérer la conception et la réalisation des travaux, la fourniture du matériel et l'exploitation du tramway pendant six ans. "Les candidatures peuvent être déposées jusqu'à fin 2020, le choix du candidat se fera en 2021, les travaux débuteront l'année suivante pour une livraison en 2025.  Un comité de suivi, composé de l'Etat, la Région, la DEAL, la Cinor, les mairies de Saint-Denis, Sainte-Marie et Sainte-Suzanne, supervisera l'avancée du projet" dit la vice-présidente de la Région.

RunRail ne va-t-il pas faire doublon avec TAO (Tram Aéroport Entrée Ouest), le projet de tramway urbain mené par la Cinor et soutenu par la Mairie de Saint-Denis? "En son temps, RunRail avait obtenu l'accord de tous les élus -et je citerai notamment celui de Jean-Pierre Marchau, élu de Saint-Denis-, mais comme vous le savez, les élections municipales sont passées par là, et aujourd'hui les mêmes élus ne sont plus d'accord avec le projet de la Région et font la promotion du TAO.

TAO en est encore à ses balbutiements, et il n'est pas question que TAO retarde RunRail. Les Réunionnais ont déjà trop attendu. Nous souhaitons une concertation Région/Cinor et TAO pourra être complémentaire de RunRail, les équipements RunRail étant utilisables par les deux réseaux.

En fait, RunRail est la colonne vertébrale sur laquelle viendront se greffer tous les autres réseaux de déplacement (tramway urbain, téléphérique,  bus,....) dans toutes les villes traversées" dit Fabienne Couapel-Sauret.
 

Un changement de majorité régionale pourrait peut-être remettre en cause RunRail?
"Les élus prendront leurs responsabilités, la congestion routière est une réalité quotidienne, on doit tout faire pour faciliter les déplacements dans notre île, on ne peut pas tout remettre en cause à chaque fois. Il faut dépasser les clivages politiques, il s'agit de travailler tous ensemble en bonne intelligence" répond Fabienne Couapel-Sauret. "A La Région, on n'est pas des amateurs, je m'appuie sur le technique pas sur le virtuel, RunRail est un projet cohérent, phasé, chiffré". 


Et puisqu'on parle de chiffres, la Région a budgétisé 277 millions d'euros pour le premier tronçon Sainte-Marie/Saint-Denis et un coût d'exploitation annuel de 8 millions d'euros.

"Nous utiliserons nos fonds propres et les fonds européens si besoin, le tracé est acté, la Région maîtrise quasiment le foncier, et concernant la partie tranchée couverte, le tracé passera du côté des parkings" précise l'élue régionale qui confirme également que des voies vélo sont automatiquement créées tout au long du RunRail. "Les cyclistes pourront entrer dans le RunRail avec leurs vélos" dit-elle. 

Il est évident que pour contrer le tout-voiture (30 000 nouveaux véhicules en moyenne par an), notre île n'étant pas extensible, d'autres modes de déplacement doivent être développés, personne ne peut aujourd'hui contester cette réalité.

RunRail paraît être une solution sur le long terme car il est tout aussi évident que cela ne se fera pas en quelques années. Pour aller de Saint-Benoît à Saint-Joseph en RunRail, soit 150 km, il faudra tabler sur des travaux qui vont durer au minimum entre 15 et 20 ans et qui vont coûter.

Pour la génération à venir, les enjeux de déplacement dans l'île et de développement économique de toutes les régions sont considérables, sans compter les emplois, directs ou indirects, qui vont être créés pour ce chantier gigantesque. Ne rien faire aujourd'hui signifierait accepter un coma circulatoire général... Il faut juste arriver à ce que tous les décideurs et intervenants tirent dans la même direction.

Aziz Patel
Photos Zone UP Kréyoné et Région Réunion
 

Quelques chiffres

➜ 10 stations réparties sur moins de 10 km ;
➜ vitesse commerciale de 25 km/h et vitesse de pointe de 70 km/h ;
➜ fréquence de 7,5 minutes en heure de pointe ;
➜ temps de parcours total de 20 minutes ;
➜ amplitude de service entre 5h et minuit ;
➜ fréquentation estimée: 30.000 voyageurs/jour ;
➜ un investissement de 300 millions d’euros TTC