«Communes attaquées, République menacée», thème du Congrès des maires à Paris

Ainsi, dès l’ouverture, le président de l’Association des Maires de France, David Lisnard, a reçu la ministre des Sports, Amélie Oudea-Castera, ainsi que la maire de Paris, Anne Hidalgo, pour évoquer l’implication de Paris et de certaines communes à la préparation et au déroulement des Jeux Olympiques de l’an prochain. Des jeux qui ne devraient pas seulement mettre en mouvement les athlètes, mais aussi la population française de qui la ministre attend trente minutes de sport par jour (du moins pour les jeunes). Autrement dit inciter les Français à faire du sport pour leur santé.


Le ton annoncé a été largement repris par David Lisnard dans son discours d’ouverture où, tout en dénonçant avec force les agressions, destructions, menaces et autres mises en difficultés majeures des communes de France par des violences inadmissibles, il a aussi fustigé d’autres actions contestables de l’Etat qui, par exemple, empêche de plus en plus les communes de se gérer convenablement et librement.

«On ne se plaint pas, on veut seulement travailler» a-t-il lancé, avant d’exiger que l’Etat  respecte sa parole et d’éviter aussi que «la République [soit] menacée quand la doctrine c’est d’obliger de s’adapter à la pénurie».

«La décentralisation est dévoyée»...

Quant aux violences, le président de l’AMF –et plus tard, André Laignel, premier vice-président délégué, lui succédant à la tribune– a rappelé que, dès 2015, François Baroin, son prédécesseur, avait déjà tiré le signal d’alarme sur les violences faites aux élus municipaux. Aujourd’hui, s’agit-il d’un effondrement de la civilisation, David Lisnard semble en être d’accord, quand il égrène les noms des maires qui ont fait l’objet de violences physiques ou sur leurs biens privés ou dans leurs mairies, lors des émeutes de cette année.

L’autre violence faite aux communes c’est, bien entendu, l’interventionnisme de l’Etat jouant à contre-courant de la décentralisation et surtout de la gestion municipale et régionale. Et de démontrer les antagonismes dans les intérêts des communes face aux intercommunalités et la recentralisation à tout va, qui parfois supprime des ressources financières.

En prime aussi, les contraintes réglementaires et autres interventionnismes parfois délirants d’officines technocratiques imposant mille et une normes paralysant toute action des communes, sans compter les règles stupides parfois dans le domaine de l’écologie.

A l’aide de nombreux exemples stupéfiants, André Laignel, à son tour a détaillé quelques absurdités, blocages et contraintes administratives qui ne peuvent qu’affaiblir l’initiative, le développement local et même l’envie d’être maire, avant de dresser un tableau de l’étouffement administratif et financier des communes.

«La décentralisation est dévoyée» constate-t-il amèrement. «Les communes ne doivent pas être non plus les sous-traitants de l’Etat. Nous n’avons pas besoin de corset pour marcher droit!». Et de conclure par un vibrant: «Ensemble, unis, gagnons notre liberté!».


Philippe Binet