Congrès des maires ultramarins au Palais des Congrès d'Issy-les-Moulineaux le 17 novembre 2025. Discours de David Lisnard, président de l'AMF et maire de Cannes. Ericka Bareigts, maire de Saint-Denis de La Réunion (assise 3ème à partir de la gauche) était sur le podium
En ouverture, David Lisnard, président de l’AMF (Association des Maires de France) et maire de la ville de Cannes, a développé le thème du congrès: «Pour les communes, liberté!» vu sous l’angle ultramarin notamment.
On a eu également le privilège d’une intervention de la nouvelle ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou -tout juste rentrée de Nouvelle-Calédonie- qui s’est déclarée très à l’écoute des élus municipaux et consciente que les questions qui les préoccupent sont à la fois courantes à toute gestion municipale, mais aussi très spécifiques selon les territoires. Elle se consacrera à étudier et mettre en place de vraies solutions concrètes, aussi bien dans le domaine environnemental que dans la sécurité (trafics de drogue, violences conjugales, etc...).
A noter que, comme tous les ans, certains intervenants dans l’assistance ont très vivement regretté que la ministre ne soit pas restée toute la matinée pour écouter et prendre pleinement conscience de toutes les problématiques des communes ultra-marines.
Des phénomènes climatiques violents...
Une première table ronde a réuni Ericka Bareigts, maire de Saint-Denis La Réunion, Michel-Ange Jérémie, maire de Sinnamary Guyane, Madi Madi Souf, maire de Pamandzi et président de l’association des maires de Mayotte, Wilfried Weiss, maire de Koumac , Nouvelle-Calédonie, et Baptiste Rivoire, coordinateur national des opérations à la Fédération nationale de la Protection civile. Tous les thèmes qui préoccupent la sauvegarde des environnements ont été abordés: notamment les phénomènes de plus en plus violents et de plus en plus fréquents.
En particulier Erika Bareigts a évoqué les sérieux problèmes posés lors du cyclone Garance, notamment par les ravines de La Réunion souvent bouchées et qui ont causé des dégâts considérables, ainsi que l’urbanisation débridée à proximité de ces mêmes ravines, aménagées ou non, ou encore l’impossibilité de bénéficier de fonds d’intervention européens, voire du fonds vert de l’ONU, à ce propos.
Il a aussi été mentionné la montée des eaux marines, que ce soit en Guyane ou aux Antilles (zone de Jarry en Guadeloupe, etc...), plus gravement pour les atolls polynésiens, sans compter la modification inarrêtable du trait de côte. Face à ces évolutions climatiques ou météorologiques, les maires se retrouvent souvent seuls pour les gérer dans l’immédiateté c’est-à-dire sans anticipation organisée.
La deuxième table ronde a permis de faire l’inventaire des solutions ou des pistes de coopération pour mieux intégrer dans les politiques et la gestion spécifique des excès de plus en plus violents des changements climatiques. Ainsi, on évoquera les secousses plus fréquentes de la Montagne Pelée en Martinique, ou d’une modification du lit d’une rivière menaçant des habitations. Et même, la maire du grand atoll polynésien de Hao, suppliant que l’on reprenne la mise à disposition de la population de citernes de stockage d’eau, faute de pouvoir continuer à puiser dans la lentille d’eau douce du sous-sol.
La sécurité en outre-mer, problème crucial
La seconde partie de la journée ne pouvait pas faire l’impasse des problèmes de sécurité dans les communes d’outre-mer. Ces derniers s’amplifient, se diversifient et les élus se trouvent désarmés, faute de moyens, d’aide de l’Etat, ou de sanctions directement applicables dans l’exercice des responsabilités communales.
La Polynésie française, vu son immense territoire marin, est une passoire, commente Tearii Alpha, maire de Teva-i-Uta (Sud-Ouest de Tahiti). Le trafic de drogue augmente beaucoup depuis quelques années car les narco-trafiquants profitent à la fois de la centaine d’îles pour faire escale plus ou moins discrète entre l’Amérique du Sud et l’Australie ou les autres archipels du Pacifique.
Quant à «l’ensauvagement» de la société, et notamment côté délinquance des mineurs, il préconise la condamnation à des travaux d’intérêt général durant une longue, voire une très longue période. De toute manière, tous les élus des Antilles-Guyane, des archipels du Pacifique et de Mayotte ou de La Réunion, observent, bien démunis, l’amplification de la violence ou des trafics. Comment lutter efficacement et avec ampleur? Avec l’Etat et de nouveaux moyens bien sûr. Et dans la salle, un congressiste de s’exclamer que les communes ultramarines en ont plus qu’assez de n’être pas considérées comme celles de l’Hexagone. Elles sont aussi «de France».
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