De Manapany à Manapany en passant par les hauts de Saint-Joseph: Carosse, Les Lianes, la région de Cascade Motais, la Plaine des Grègues, avec vues panoramiques imprenables sur la ville de Saint-Joseph et le bleu de l'océan. Du battant des lames au sommet des montagnes, avec un temps splendide à mettre plein de trailers dehors. Lesquels donc ne se sont pas pas privés pour honorer ce cinquième rendez-vous concocté par l'association Saint-Jo Trail Team présidé par Joël Chenin.
Manifestement, Thomas Van Der Kaa y a trouvé son bonheur. Il a filé à l'anglaise sans se soucier de ce qui se passait derrière lui, précédant un peloton emmené par Ulrich Balzanet qui avait vite compris que l'heure n'était plus à la poursuite du champion belge: «On s'est rendu compte que Thomas n'était plus atteignable. Du coup, et moi en premier, on s'est calmé. Dans mon intérêt, il valait mieux assurer une médaille d'argent au lieu de courir le risque de s'effrondrer».
Quand Thomas Van Der Kaa dit qu'il est parti à son rythme, c'était pour les autres, un niveau au dessus de la moyenne. «Ce n'était pas une balade, faut pas croire ça... Sur ce parcours, il fallait entrer dans le dur. Mais comme j'avais une certaine avance, la tension a été moindre pour gérer mon rythme, il y avait de l'ambiance dans cette belle épreuve». A l'issue de laquelle le champion belge a battu le record de plus de 6 minutes, qui avait été établi l'année dernière par le local Johnny Olivar.
Faut-il rappeler que Thomas Van Der Ka a déjà couru le 5 000 m en 14'40'', le 10 000 m en 30'30'' dans son pays, et qu'il avait gagné les 10 km de Saint-Jo et de Saint-Leu cette année. Pour la suite, il annonce une participation à la Zembrocal du Grand Raid, sur le premier relais.

Du haut de son mètre 80 et plus, Thomas Van Der Kaa a montré tout son talent sur les hauteurs de Saint-Joseph
Marion Zaradzki largement au-dessus
Comme Thomas Van der Ka, Marion Zaradzki n'a pas trouvé d'adversaire à sa mesure: «Au départ je ne savais si j'étais vraiment devant, et au fil de la course on me signalait que je l'étais effectivement. Je n'ai pas de bobos, j'étais en confiance, sur ce parcours assez roulant, mais dans les descentes il fallait sans cesse relancer».
La sociétaire du TPC qui est coachée par Franck Rivière a bien savouré ses derniers mètres en compagnie de sa fille Mahée, avec au bout un temps de 2h 51'29'', à la 13ème place au général. Plus loin, en 3h 36'31'', pointait sa dauphine, Amandine Ligonière. Et plus loin encore, en 3h 40'25'', arrivait Roselyne Vignal. Pour mémoire, Marion Zaradzki avait récemment gagné les Foulées du PMS Babet, et aussi l'Ultra trail de Puy-Mary ( 115 km) et une autre épreuve à Courchevel ( 66 km) .
On notera également les victoires de Nicolas Hoareau et Sandrine Maurer sur les 12 km de cette même matinée, avec les temps respectifs de 47'39'' et 1h 06' 06''.
Hommage à "Tête Choux"
C'était aussi une matinée d'hommage à Jean-Pierre Hoareau, dit «Tête Choux», qui a laissé un grand vide dans le milieu du trail réunionnais et notamment du Sud Sauvage, lui qui avait disputé pas moins de 26 Grand Raid.
Plusieurs membres de sa famille étaient d'ailleurs dans le peloton des participants, son fils Alexandre sur 12 km accompagné de sa femme Lauriane, sa fille Aurélie sur 12 km également, Stéphane sur 30 km, dont c'était le premier trail, et sa sœur Annie-Rose sur 30 km. Cette dernière témoigne: «On était tous là, pour Jean-Pierre qui a beaucoup apporté à cette course, il a participé au tracé du parcours, a organisé l'équipe de bénévoles et puis il est tombé malade il y a deux ans de cela, et il est décédé en ce début d'année.
Jean-Pierre nous a transmis l'amour de la course à pied. Il y avait aussi Josiane son épouse (sur un poste de ravitaillement) ainsi que Jacques André, l'ancien président qu'il avait soutenu constamment. Merci à toutes et à tous d'avoir témoigné leur attachement à Jean-Pierre».
Sur le podium, la famille de Jean-Pierre Hoareau a été fortement applaudi. Il restera dans la mémoire des coureurs à pied.
Roland Chane
L'hommage de Daniel Guyot, alias le «Roi des Fous» à son ami Jean-Pierre Hoarau, alias «Tête Choux» |
Tous ses proches et plus largement toute la famille du trail,se sont retrouvés pour honorer ce grand traileur qui nous manque depuis le 14 février, sur une belle boucle en son authentique contrée créole du Sud. Avec un départ au niveau du bassin de Manapany-les-Bains, et une arrivée au bout du Boulevard de l’Océan, la course est passée par sa maison familiale des Lianes -et les terres où il a tant travaillé-, en montant jusqu’à la Plaine des Grègues pour redescendre via St Joseph. À partir de 1991, J.P. Hoareau, alias «Tête Choux» -un traileur chou dans les têtes de course-, a fini 5 Passe-Montagnes, 4ème en 1995 parmi ses 4 Top 6! Il a aussi terminé 21 Diagonales avec brio, 5ème en 1994, parmi ses 3 Top 10! En 2022, son humble salut d’une main levée -photo associée aux Foulées de Manap’ 2025-, adressé au public depuis le podium GRR, ressemble plus à un fraternel et solennel au revoir, qu’à une simple expression de victoire... Avant de partir, il dira encore: «Le corps i gagn’ pu, mais l’esprit court toujours»… Il a en effet animé les 1 200 coureurs qui lui ont rendu hommage, avec beaucoup d’émotions ce dimanche 14 septembre sur ces foulées lui étant dédiées. L’exigeant parcours de 30 km pour 1350 m D+ et autant en D-, aussi atypique que lui, est à la mesure de toutes ses capacités et de son courage à tout affronter: de la sévère course de côte, de la vitesse sur route, et des sections de trail très techniques; c’est en particulier dans ces dernières que le guerrier des sentiers excellait. Il avait fini 3ème M5 -à la même place que sur sa dernière Diag’ un mois après-, l’édition 2022 de ces Foulées de Manap’. Jean-Pierre et moi, outre notre fort ancrage natif à la terre, partagions aussi des podiums du Sud (Verticale des remparts, Foulées de St Jo…), et je lui dédie mon trophée de 1er M6 -à 2 places de l’illustre Cléo Libelle comme J.P. aux Diagonale et Passe-montagnes de 1994…- sur ces foulées 2025 où, 7 mois après sa disparition, il m’a accompagné de toutes les meilleures pensées qu’il m’inspire, toujours bien vivantes, d’un bout à l’autre. Et pourquoi pas rebaptiser pour de bon cette épreuve qui passe par ses lieux de vie, d’entraînements comme de travail, «Le Trail Jean-Pierre Hoareau»? Figure majeure du trail réunionnais, son exceptionnel pedigree sur plus de 30 ans, me paraît en effet mériter cette inscription mémorielle sur ses terres… |

La famille de Jean-Pierre Hoareau applaudie sur le podium, aux côtés de joël Chenin, président de Saint-Jo Trail Team

Josiane, veuve de Jean-Pierre Hoareau, et des enfants de la famille, ont assuré un poste de ravitaillement