Santé: le CHU de La Réunion a fait sa rentrée

La filière onco-gynécologique

Un chiffre affolant déjà: en 2023, on a compté 600 femmes atteintes du cancer du sein à La Réunion. D'où la mise en place d'un travail en amont et une prise en charge complète en chirurgie oncologique gynécologique et mammaire au CHU sites Sud. 


"Dans le cadre de la consolidation de son offre de soins spécialisée, le CHU de La Réunion assure en effet une prise en charge complète en chirurgie oncologique gynécologique et mammaire sur le site Sud de Saint-Pierre" explique le Professeur Malik Boukerrou. "Cette organisation d’expertise permet de répondre localement et de manière coordonnée aux besoins des patientes présentant une suspicion ou un diagnostic de cancer pelvien ou mammaire".


Cette organisaton s’appuie sur:
- un plateau technique de pointe (Robot chirurgical Da Vinci, imagerie per-opératoire par fluorescence au vert d’Indocyanine, imagerie spécialisée notamment tomographie par émission de positons)
- une équipe chirurgicale experte et expérimentée
- un service de radiologie, d’oncologie et de radiothérapie sur site
- un accompagnement global tout au long du parcours de soins


"Chaque semaine, une Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) réunit les praticiens des différentes spécialités pour assurer une prise en charge personnalisée, conforme aux recommandations en vigueur, à tous les stades de la maladie" précise le Docteur Johanna Lemaître. "L’accompagnement des patientes est renforcé par la présence sur site d’une infirmière coordinatrice, d’une psychologue clinicienne, d’une secrétaire dédiée et de l’ensemble des soins de support".


Une nouvelle offre existe désormais avec un hôpital de jour, qui permet aux patientes de bénéficier, sur une même journée, d’une consultation avec le chirurgien, le radiologue, l’infirmière coordinatrice et la psychologue. "Il s'agit d'accélérer le parcours de la patiente, et d'effectuer un suivi du diagnostic à la in du traitement".


Le CHU de Saint Pierre est le seul établissement du Sud de l’ile permettant aux patientes de réaliser tout leur parcours, de la chirurgie aux traitements adjuvants, en passant par les soins de supports, sur le même site, sans rupture de suivi. 

"Le but est de fluidifier le parcours, de veiller à ce qu'il n'y ait pas de rupture de soins et de trouver des solutions pour continuer la vie" dit Muriel Vitry.  


"Nos chirurgiens assurent la prise en charge des cancers de l’ovaire, du col de l’utérus, de l’endomètre, de la vulve et du sein" explique le Professeur Boukerrou. Deux praticiennes sont spécialisées en reconstruction mammaire. Les interventions proposées incluent notamment les hystérectomies, annexectomies, curages pelviens et lombo-aortiques, chirurgies de cytoréduction, tumorectomies et mastectomies, chirurgie des ganglions axillaire (sentinelles et curages), reconstructions mammaires immédiates ou différées (prothèses, lambeaux autologues, lipomodelage)".


Avec cette organisation, ces équipements et des équipes hautement qualifiées, le CHU de La Réunion confirme son rôle de centre de référence régional dans la prise en charge des cancers gynécologiques et mammaires.


Le CHU n'en oublie pas pour autant la prévention et l'information à destination des femmes: "Le dépistage est recommandé à partir de 50 ans au niveau national, il est préférable de se faire dépister dès 40/45 ans" dit le Docteur Lemaître. "Plus tôt on enlève les cellules mieux c'est". 

Le Mois du Kèr en septembre

Lionel Calenge alerte sur le sujet des maladies cardio-neuro-vasculaires, très importantes à La Réunion: "Sur notre territoire, particulièrement, nous sommes face à une situation préoccupante: nous l’avons déjà signifié à notre niveau, et le rapport de Santé Publique France publié récemment est venu malheureusement le confirmer: les maladies cardio-neuro-vasculaires sont la première cause de mortalité à La Réunion, avec des taux nettement supérieurs à ceux de l’Hexagone (+30%). Ce triste constat révèle la nécessité d’agir autrement et durablement en déployant de nouvelles actions plus ciblées, de proximité et mieux adaptées aux réalités locales".


Les facteurs de risque cardio-vasculaire sont le diabète, l'hypertension artérielle (HTA), le tabagisme, le «mauvais cholestérol», la sédentarité, et l'hérédité.


Septembre est donc le Mois du Kèr à La Réunion avec un programme d’actions de prévention et de dépistage ambitieux, initié par le Dr Jérôme Corré et porté par les équipes de cardiologie du CHU, en collaboration avec des partenaires de ville: collectivités, CPTS, établissements de santé, libéraux, rectorat, associations, et bien d’autres. 


Le 17 septembre, une journée est même dédiée aux femmes qui sont invitées à participer à une journée de prévention et de dépistage des risques cardiovasculaires et gynécologiques. Cet événement aura lieu au CITEDI Jacques Marcadé aux Camélias (26 boulevard Doret à Saint-Denis), de 8h à 17h.


Et le 29 septembre à 19h30, une conférence, sur le thème "Pathologies cardio-vasculaires, parlons-en!" ouverte à tous est organisée au siège du Crédit Agricole à Saint-Denis, avec le Pr François Carré, cardiologue et médecin du sport, spécialiste de l’activité physique adaptée interviendra comme invité d’honneur.


Le Docteur Jérôme Corré insiste: "Le Mois du Kèr est une initiative née à partir d’un constat affligeant auquel je suis confronté tous les jours en tant que cardiologue hospitalier: les maladies cardio-vasculaires (infarctus du myocarde, AVC, insuffisance cardiaque) à La Réunion sont non seulement plus fréquentes qu’en métropole, mais elles touchent aussi les Réunionnais.es à un âge plus jeune, avec une présentation souvent plus grave à cause de la tendance locale de consulter plus tardivement.

Il faut TOUT faire pour limiter la survenue des maladies cardio-vasculaires. Et c’est possible puisque 50 à 80% de ces pathologies pourraient être évitées par une hygiène de vie correcte.

Les 3 principaux messages sur lesquels j’insiste:
- éviter de manger trop salé: puisqu’une consommation chronique excessive de sel favorise l’HTA et fatigue le rein et le cœur
- faire de l’activité physique: bouger tous les jours c’est accessible
- ne pas fumer: l’intoxication quotidienne au tabac réduit l’espérance de vie de plusieurs années".


Vous savez tout désormais, et surtout n'hésitez pas à consulter pour un cardiogramme qui s'effectue en 15 minutes et qui peut prévenir d'un risque mortel. Le Dr Corré espère que, d'ici quelques temps, La Réunion quittera cette 1ère place peu enviable des régions françaises les plus touchées par les maladies cardiovasculaires. Et cela éviterait beaucoup de drames familiaux. 


Aziz Patel
Source CHU de La Réunion